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L'avenir de la sécurité sociale
+ +-L’avenir de la sécurité Sociale
Le diagnostic est évident et très commun, on subit une crise financière de la Sécurité sociale, qui d’ailleurs ne date pas d’aujourd’hui, elle date des débuts de 1945 pratiquement. En revanche, je crois qu’il est important de garder les idées des pères fondateurs et notamment la grande idée de solidarité qui a été avancée sous la Révolution française et qui toujours actuelle. Il va falloir reformuler un peu les choses, retravailler la question mais il faut absolument garder ces valeurs-là.
La Sécurité sociale est un acquis extrêmement important qui finalement s’est construit petit à petit. La Sécurité sociale existait avant la Sécurité sociale, il y a eu un mouvement législatif intense pour en arriver à un système qui est l’un des plus parfaits d’Europe. Je pense que si on veut sauvegarder la Sécurité sociale, il faut, à tous les niveaux, faire des efforts pour réagir sainement et faire des économies. Cela concerne à la fois les assurés, les professionnels de santé ; cela concerne tout le monde.
On a beau avoir élargi l’assiette des prélèvements sociaux à d’autres revenus que ceux du travail, ce sont encore les revenus du travail qui sont la base du financement non seulement de la protection sociale mais aussi du budget de l’État. S’il n’y a pas assez d’emploi, non seulement on n’engrange pas de cotisation mais plus on a des prestations sociales plus importantes à payer en matière de chômage, en matière d’aide aux prestations minimales pour faire face à la pauvreté. C’est ça l’enjeu, que l’on arrive à retrouver une croissance en emploi pour maintenir une protection sociale de bon niveau.
On voit bien qu’aujourd’hui, il y a quand même une remise en cause de notre système, compte tenu du poids des charges sociales que la protection sociale a engendré. Je pense qu’aujourd’hui les mouvements protestataires qui s’attaquent à notre régime, ce qu’ils remettent en cause c’est quand même notre régime de protection sociale. On voit bien que chez les jeunes, ce n’est pas quelque chose de très prégnant. Qu’ils soient salariés ou indépendants, ils ont le sentiment de payer pour d’autres. Je vois bien quand même que la tendance, même chez nos jeunes artisans et nos jeunes commerçants, est de dire qu’ils préféreraient payer moins et puis peut-être de s’assurer sur un système par capitalisation pour des risques identifiés. J’ai peur que cette tendance qui s’amorce au niveau des indépendants se généralise au niveau de notre pays si nous n’arrivons pas à avoir un redressement économique important dans les mois ou les années qui viennent.
Il y a des gros efforts qui sont faits au niveau de la gestion mais qui ne sont probablement pas suffisants. On n’a pas réussi la caisse unique, ça veut dire qu’on a encore une multitude de régimes, une multitude de caisses. Je pense que l’on pourrait faire encore des économies de gestion sérieuses en rationalisant cela, mais on a une nomenklatura installée qu’il est difficile de remettre en cause et qui correspond en plus à des clivages de catégories professionnelles, qui n’ont pas encore totalement intégré la dimension de solidarité nationale et qui tiennent à leur particularisme.
Nous avons un grand pan d’activité à développer, c’est la maîtrise médicalisée des dépenses de santé. Vous savez que la croissance économique à l’heure actuelle est à peu près à zéro. Les dépenses d’assurance maladie augmentent de 3% par an. Ce que nous recherchons, c’est à rembourser les dépenses utiles et à éviter l’inutile. Ce sera un axe à développer dans les années prochaines. Et enfin, il faudrait ensuite améliorer notre efficacité collective, c’est-à-dire diminuer nos frais de gestion, ce qui a déjà été le cas ces dernières années, pour ne pas peser trop sur les cotisations sociales que nous encaissons.
C’est vrai que le système a quelques problèmes financiers mais je trouve que l’on se fixe trop sur ces problèmes financiers. On devrait plutôt regarder le nombre de personnes que l’on amène à des âges avancés en bon état, et sans lunettes pour certains, grâce à l’opération de la cataracte. Il faut regarder le côté efficace, le côté constructif. Bien sûr, il y a un problème de financement. Tout le monde doit se mettre autour d’une table et puis essayer de tout mettre à plat pour voir comment s’organiser pour sauver ce système de répartition.
Nous avons, je crois, beaucoup de choses à faire ensemble en inter-régimes. Les régimes de Sécurité sociale ont beaucoup à faire en complémentarité et à travailler en adaptant leur système aux évolutions de l’environnement économique et de l’environnement démocratique.
Il n’y a pas eu, depuis 1945, une autre belle idée comme celle de la Sécurité sociale, un vrai projet politique pour les Français. Il n’en existe pas d’autre. Je crois que la solution avec les problèmes qui sont liés au déficit public sera de maintenir un système de protection sociale que la terre entière nous envie.
Je crois que les réflexions qui sont menées aujourd’hui vers un retour vers ce qui auraient été les choix de la naissance de notre Sécurité sociale moderne et qui n’ont pas pu se faire en 1945, l’idée d’un régime général unique, comme il y a pratiquement un recouvrement social unique, ce sont des réflexions qui doivent être menées absolument et qui me paraissent très porteuses d’équilibre, de consensus.
Cela concerne tous les Français, à tous les moments de leur vie ; c’est donc un immense service public qu’il faut absolument sauvegarder mais il faudra encore pouvoir le financer et ne pas continuer à reporter sur les générations futures la charge de notre confort actuel.
Le principe de la cohésion sociale que représente la Sécurité sociale dans notre pays et qui n’existe pas dans beaucoup d’autres pays, ce dont nous nous rendons compte quand nous voyageons un peu à l’étranger, ce principe-là est celui qui conditionnera l’avenir. La Sécurité sociale ne ressemblera peut-être pas dans 20, 30 ou 40 ans à ce qu’elle est aujourd’hui, mais je pense que les principes fondamentaux resteront les mêmes.Chargement de la vidéo...
